Porcelaine [Nouvelle]

Tu es là, blanche et pure, étendue sur le sol. Une ange tombée du ciel, voilà la meilleure façon de te décrire. Tes mains délicates reposant dans des angles inconvenables à tes côtés, soulignant toute la beauté de tes courbes exquises. Je te regarde, subjugué par tout ce mensonge déguisé. Toujours ces mêmes ecchymoses sur tes bras et tes délectables cuisses, ces mêmes morsures obscènes sur ton ventre. Je ne puis détacher mon regard de tes lèvres maintenant bleuies et de ton regard apeuré, presque celui d’une enfant.

Cesse de me narguer avec tes yeux surdimensionnés et tes cils parfaits! Avec tout ton corps qui représente à mes yeux une morbidité exquise. Ô, tout ça était devenu beaucoup trop macabre, il s’en convient! Tu es encore trop vivante et trop belle, comme une poupée de porcelaine à la beauté maladive. Et malgré les coups que tu as reçus, tu restes là, sans t’enfuir, en te contentant de m’observer avec ce même regard qui m’avait séduit quelques heures auparavant.

Allez, bouge un peu, douce créature! J’entends la musique résonnant dans les couloirs de l’édifice, pourquoi ne te lèves tu pas afin de danser avec moi une obscène valse? Ô je vois, ma chérie, tu t’es assoupie? Ne t’inquiète pas je vais m’occuper de toi.

Je déposai un baiser sur tes lèvres voluptueuses, effleurant ton corps du bout des doigts. Comme tu dois avoir froid, mon amour, ainsi vêtue. Met ma chemise, tu auras plus chaud. Voilà, c’est mieux ainsi. Quoi!? Encore si glaciale? C’est moi qui te rends aussi frigide?! Ton poignet retenu par ma main émit un son plus qu’étrange, semblable à une planche de bois qui craque, mais en beaucoup plus fort, un bruit qui se répercute maintenant partout entre les murs de mon petit appartement.

Pardon, je t’ai encore brisée. C’est que tu es si petite et fragile entre mes mains, et comment veux tu ne pas te casser en deux si tu ne résistes pas à mes approches! C’est toujours le même refrain… mais cesse de m’observer de cette manière, cela fait maintenant prêt de deux heures que ton regard reste le même et je déteste la monotonie.

C’est mieux ainsi, n’est ce pas? Dans mes bras, alors que je danse au clair de lune avec toi? Tu es si lourde, mon amour. Tu étais beaucoup plus légère plus tôt dans la soirée… Je t’emmenai vivement sur le balcon de l’immeuble. Les étoiles sont belles, ce soir, aussi belles que toi. Je t’ai froissée? Pardon chérie, je ne voulais te dénigrer ainsi.

Des lumières tricolores apparurent dans l’obscurité, m’aveuglant instantanément. C’est horrible à quel point certains hommes n’ont aucun respect envers la beauté et la délicatesse de la lumière des cieux! C’est à ce moment précis que des sirènes choisirent de retentir et, surpris, je plaquai mes mains sur mes oreilles, te laissant lourdement tomber dans le vide. Oh non! Tu m’as encore échappé! Ce n’est pas la première fois, délicieuse amie que tu tentes de t’enfuir cette nuit! Ce jeu commence sérieusement à me lasser.

J’entendis des pas derrière moi, des coups sonores et saccadés montant les escaliers de l’édifice résidentiel. Des portes s’ouvrirent, les bruits se rapprochèrent. Ces pervers égoïstes, ces minables, veulent-ils t’attraper avant que je ne puisse le faire? Ils n’y arriveront pas. Ils ne pourront pas arriver à leur fin puisque dans un élan incontrôlé et incontrôlable, je me jetai dans le vide à ta suite, ouvrant grand mes bras pour mieux m’étendre à tes côtés.
Ils ne t’auront pas, précieuse, tu es à moi.

C'est une nouvelle que j'ai écrite il y a près d'un an. Mon style d'écriture a évolué depuis, mais quand j'ai vu cette section du forum, je n'ai pas pu m'empêcher d'y laisser un aperçu de ce que j'écris =)

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Merci à vous deux =)